Par Marie-Pia Bureau, directrice de l'Onda
Devant les tentes de pierres sèches de « Super-Cayrou », une œuvre refuge imaginée par le collectif d’architectes « Encore heureux » sur le plateau des Causses du Quercy, Fred Sancère, directeur de « Derrière Le Hublot », nous déroula son projet. La question sous-jacente était celle du territoire : tenter de le définir, en nommer les composantes et les problématiques. Plus tard, devant d’autres œuvres, nous écouterons d’autres parties prenantes de la vivacité du projet : des bénévoles impliqué·e·s, des maires de commune, des responsables de parc régionaux, des spécialistes du paysage et des artistes concepteur·rice·s. C’était un mercredi et çà et là des curieux·euses pointaient leur nez dans les œuvres, familles en promenade majoritairement, habitant·e·s montrant à leurs visiteur·e·s occasionnel·le·s la singularité de leur village, marcheur·euse·s à gros sac à dos du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle finalement moins nombreux·euses que les gens du cru. Amusé·e·s, nous les écoutions faire leur propre récit de chacun des refuges ; autant de preuves s’il en était besoin que sur ce territoire, ceux-là s’étaient bien approprié·e les œuvres. Fait peu étonnant si l’on regarde de plus près le processus qui a abouti à la naissance de chacune des œuvres-refuge. « Quand on travaille sur un territoire » nous dît Fred Sancère « jamais la question artistique n’est prédéterminée avant la lecture du paysage, de son imaginaire et de ses savoirs faire ». Il faut parfois quatre années de rencontres, de discussions, repérages, négociations, bricolages, réflexions et aménagements en tous genres, avant que le projet voie le jour. Et ce projet, quand il s’agit d’une commune de 300 habitants, est souvent LE projet d’investissement financier du mandat d’une équipe municipale. Un projet signé par un·e ou des artistes, mais qui met en œuvre chaque fois une coopération entre beaucoup de personnes dont le regard aura modelé la réalisation finale. Ce jour-là, sur le GR 65 à l’ambiance tellement bucolique par un début d’octobre ensoleillé, au fil d’une marche tranquille qui nous permettait d’éprouver la multitude des rencontres dont sont faites un territoire, les vertus de la coopération nous semblaient lumineuses…
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